A l’occasion de Circuits Bijoux, Aude Tahon et Diana Brennan ont réussi pour leur exposition commune à La Boutique Extraordinaire une belle complicité artistique. Chacune travaillant sa matière, leurs réalisations explorent les mêmes idées de fluidité, de transparence et de légèreté et se répondent sur des thèmes végétaux de lianes s’enroulant, fougères enveloppantes, fleurs sur le point d’éclore, perles cachées dans leurs nasses de fils. Un travail sophistiqué et étonnant pour des bijoux faciles à porter.

Tremper l’étole dans une cuve après l’avoir préparée, nouée, enveloppée, resserrée, pour que la teinture n’atteigne que certaines parties de la matière et y dépose comme un léger voile de couleur qui s’épanouira une fois le tissu déplié. Et puis écrire des mots sur cette soie, des phrases qui s’enrouleront autour du cou, un poème qui se devinera et s’envolera dans un souffle de vent.

L’écrivain Michel Butor et l’artiste textile Ysabel de Maisonneuve ont réalisé à quatre mains ces étoles en soie délicatement colorées, pièces uniques signées et numérotées.
ETOLE 

Me balançant au gré des pas
J’escalade votre poitrine
Ocre neige ébène ou déserts
Selon les saisons et les heures
Et les modes que je traverse
Par le prestige de la soie
Jusqu’à enlacer votre col
Dans une caresse d’effluve

De l’autre côté je ruisselle
Sautant les tissus en cascade
Formant une troisième main
Pour faire signe aux inconnus
Quand un coup de vent me soulève
Et retombant au pas suivant
Pour apposer ma signature
Sur l’enveloppement du torse

Michel Butor
Avril 2013

Actuellement en 1ère année de Diplôme des Métiers d'Art - Matériaux de Synthèse - à Olivier de Serres, après l'obtention d'un premier DMA Textile à Duperré, Léa Verdeguer s'intéresse au métissage des techniques et des matériaux. Sensible à l'approche organique, à ce qui mène à la " rêverie " dans le langage plastique en général, ses recherches s'articulent autour des objets, de leurs restes, des traces de vie qu'ils portent, de leur transformation au fil du temps. Elle choisit de travailler la " ruine " de l'objet, " poupée " qui devient relique, avec une charge émotionnelle à part, un entre monde entre le vivant et le mort.

Des études de Design Textile entre la Suisse et l’Allemagne, la France et bien d’autres pays pour la création de collections en maille et l’enseignement.
Cécile Feilchenfeldt est invitée aujourd’hui à exposer à « Maison d’exception » présentation de savoir-faire d’excellence au Salon Première Vision, grand rendez-vous des tendances, pour les professionnels de la mode.
La délicatesse de sa technique, le choix de ses coloris, la fraîcheur de son travail, son approche entre « couvrir » et « découvrir » mettent en valeur belles matières et volumes inattendus. Elle aime jouer avec la volupté de l’accessoire, châle ou parure, enveloppe protectrice ou décoration provocatrice !

Travail des matières et de la teinture sur la soie ou la laine, les étoles d’Ysabel de Maisonneuve se parent de couleurs intenses et raffinées, douces et poétiques. Teinture en réserves shibori sur organzas plissées, soies moirées, appliques d’organzas sur maille en laine, tops en poils de chèvre, grandes étoles d’organzas renfermant une soie satinée, le talent d’Ysabel se décline en de multiples propositions qui trouveront un écho en chacun. Membre des Ateliers d’Art de France et exposée régulièrement dans le monde entier, Ysabel de Maisonneuve travaille également pour les décors de théatre.

Vêtements sculptés par assemblage de tissus raffinés dans de belles matières, laine, lin et soie, finitions à la main, boutons recherchés, les pièces uniques de Dominique Nardini racontent chacune une histoire et portent des noms qui font rêver : « Firenze », « Le Neveu de Ravel », « Vassilissa », « Impératrice Wu ». Elles habillent de leur présence les femmes qui les portent tout en s’adaptant à leur personnalité.

Un coup de foudre lors d’une exposition de Serisawa Keisike au Grand Palais à Paris en 1978, conduit Betty à Kyoto, berceau de la culture nippone. Elle y apprendra diverses techniques traditionnelles dans le monde fermé des teinturiers et travaillera auprès d’un artiste contemporain, Hiroyuki Shindo, Maître en teinture indigo, qui l’initiera à la cuve d’indigo. En 1993, elle ouvre son atelier à Paris et affine ses recherches en botanique tinctoriale au cours de nombreux voyages à l’étranger. Elle réhabilite avec sensibilité une tradition tinctoriale française qui avait disparue en développant son travail avec d’autres plantes (gaude, garance).

Elle a réalisé pour La Boutique Extraordinaire des teintures sur des vêtements en chanvre, en lin, en coton, sur des écharpes et des étoles dans des tissus - collector – gaze de soie damassée du Japon, coton soviétique, et nous présentera la première collection pour bébés en coton bio-éthique et couleurs éco-durables obtenues à partir de plantes. Elle aime matérialiser l’énergie à travers la couleur.

Papillages et cartes postales rebrodées

Le fourreau en lamé rebrodé de Marie-Clémentine – robe réalisée à partir de couvercles de pots de yaourts, brodés au fil métallisé argent – Les santiags en tickets de métro, les gants à fleurs en papiers de bonbons… Les « papillages » sont de séduisantes matières recrées à partir de petits morceaux d’emballages, d’objets minuscules du quotidien, laissés au rebus, glanés, conservés. Après avoir été découpés, cousus, rebrodés, ils se réincarnent en œuvres artistiques contemporaines drôles et iconoclastes.

Cartes postales de fameux nus de la peinture, les « Trois Grâces » de Cranach, les vénus du « Bain turc » d’Ingres ou l’« Olympia » de Manet ont été élégamment et malicieusement rhabillées de vêtements brodés.
Prouesse technique, clin d’œil à la nudité et hommage au peintre Volterra qui sauva de la destruction les nudités de la Chapelle Sixtine en voilant d’élégantes culottes et de pudeur tous les corps nus.

Fanny Viollet, historienne d’art de formation, brode contre le temps qui file un trousseau artistique et poétique : « Toutes mes œuvres sont des histoires, des bouts de vie, des paraboles, des métaphores… pour conserver et retranscrire ces mémoires quotidiennes qui constituent l’histoire de nos vies, l’Histoire de notre société.

Après l’inauguration de La Boutique Extraordinaire l’année dernière, et une exposition à Sydney en Australie, cet été, Diana Brennan développe aujourd’hui sa recherche autour des bijoux et parures. Son travail sur la maille en fil de métal, le volume et la transparence, font de ses colliers des ciels étoilés traversés par quelques astéroïdes voyageuses. La lumière joue en se reflétant sur les incrustations de perles et l’argent des fils et illumine sa robe « The beginning of memory ». Posés au milieu des fruits et des patissons en papier de soie les broches sont comme les écussons d’un temps ancien, magique.

Tissus de soie imprimés par numérisation de textes ou de photos et enchevêtrés par foulonnage aux fibres de laine pour former un feutre hybride, les vêtements sculptures de Françoise Hoffmann ouvre la matière textile vers d’autres horizons.
Cette « Variation sur un même thème N° 6 » donne à voir les traces laissées par un paysage industriel à travers des photographies prises dans l’ancienne usine du feutre de Mouzon, qui abrite aujourd’hui le musée du feutre.
De petites vestes-capes, des spencers avec effets de transparence, des écharpes ajourées et des mitaines colorées, offrent en complément aux très belles pièces exposées en vitrine, la possibilité de s’offrir une veste ou un accessoire habillé.

Peinture ou alchimie, le travail de Catherine Jahan est à la frontière de ces deux univers. Les tissus qu’elle détourne se parent de couleurs et d’aspects étonnants. Etoles en organza froissé évoquant des écorces d’arbres ou foulards bijoux chatoyants comme des oiseaux de paradis, chaque pièce est unique et somptueuse. Catherine Jahan a travaillé pour Christian Dior, Balenciaga, Christian Lacroix. Les techniques qu’elle a glanées à travers le monde et revisitées, son expérience et ses secrets de fabrication, lui permettent de réinventer et de renouveler la peinture sur tissus.

Shibori, soie tussar , gauze de soie, organza, fibres de bananier, d’ananas... des matières qui font rêver pour des parures à secrets… Des étoles qui explorent le mouvement, la transparence et l’alchimie des teintures faites à la main. Ysabel de Maisonneuve expose régulièrement dans les musées du monde entier et elle était du 1er avril au 14 mai dernier à la Galerie Collection des Ateliers d’Art de France, pour une exposition duo avec Jan Tesar. Elle travaille également sur des décors pour le théâtre. Pour la Boutique Extraordinaire, elle a réalisé des étoles et des hauts en soie, teints à la main.
www.ysabel-de-maisonneuve.com

Lauréate du Grand Prix de la Création de la Ville de Paris, Section Métiers d’Art, en 2005, Aude est exposée dans des galeries et musées du monde entier. Elle aime expérimenter autour du textile et de la matière, et collaborer avec d’autres artistes et artisans pour des oeuvres uniques, à 4 mains.
Ses bijoux poétiques et parures aériennes, réalisés à la main en nœuds coréens, jouent les volumes et la profondeur, les vides et les pleins. La lumière les traverse et donne à voir toute leur sophistication.
Aude a réalisé pour La Boutique Extraordinaire 3 pièces teintes en réserve à la cire : une robe en fibres d’abaca plissée, une veste dos nu plissée en fibre de soie et d’ananas et un boléro en soie double face. En vitrine, son très intrigant boléro « Ossature » est réalisé dans un réseau d’un seul tenant de nœuds coréens. Magique !

Vêtements d’inspiration ethnique, amour des beaux tissus, patchworks d’étoffes et de couleurs, Dominique crée chaque vêtement comme une pièce unique, avec une histoire à raconter : «Le Petit Lutin », « Malévitch », « Autrichienne », « Tokyoga », « Belle Histoire ».
Pour La Boutique Extraordinaire, elle a réalisé des vestes composées uniquement de matières naturelles :
lin, lin chanvré, soie, mélangées à des tissus et galons Haute Couture, assemblage et finitions à la main.
De très belles pièces !

Nommée Maître d’Art en 2008, pour la sophistication de son travail, et membre des Grands Ateliers de France, Françoise Hoffmann crée depuis 10 ans des pièces uniques en soie et laine feutrée, grâce à la technique du Nuno.
Après un parcours théâtral, elle installe son atelier à Lyon sur les pentes de la Croix Rousse et y peaufine sa technique. Richesse et liberté de la création, beauté et harmonie des couleurs, légèreté et bien-aller, les vêtements de Françoise Hoffmann séduisent par leur raffinement. Du grand art !

Artiste Textile d’origine australienne, Diana Brennan a exposé ses « Robes de Lune » au Musée Galliera en mai 2008. Pull-overs délaissés, recueillis pour être feutrés et ajustés à des jupons démesurés en fils de métal, de lurex, rétro-réfléchissants, ses immenses robes suspendues provoquent toujours l’émerveillement.
Diana a réalisé pour La Boutique Extraordinaire, le gilet en fils de métal et incrustation de perles qui lui sert de logo et qui suscite tous les jours, depuis la soirée d’inauguration, l’admiration des regards!
Elle sera exposée cet été au Musée des Textiles de Sydney, en Australie, au cours d’une grande exposition sur le thème de la dentelle, avec des artistes contemporains du monde entier.